L'eglise

L’église cathédrale

 Après le cloître puis le palais épiscopal, nous voici maintenant dans l’église cathédrale.

Nous avons survolé l’histoire des deux premiers. Cette histoire est intimement liée à celle de l’église et bien plus car sans église, il n’y aurait ni cloître, ni palais.

Nous nous trouvons donc sur les lieux même du monastère qui fût créé après le martyr de Papoul à trois Km d’ici, à l’Ermitage. Monastère puis abbaye bénédictine de par la volonté de l’Empereur.

Essentiellement lieu de prière, d’un haut niveau de dévotion à l’époque de Saint Bérenger à la fin du XIème siècle, cette abbaye va devenir par les hasards de l’histoire et la volonté de la royauté et de la papauté, un des six diocèses supplémentaires du nouvel archevêché toulousain, le plus petit évêché de France avec ses quarante quatre paroisses. Bernard de la Tour supérieur de l’abbaye de Saint Papoul en deviendra pour quelques mois seulement avant sa mort, le premier des trente quatre évêques qui s’y succèderont   de 1317 à 1790. Avec lui commencent un certain nombre de travaux, dont la salle capitulaire, que d’autres continueront avec plus ou moins de bonheur, de réticence,  de possibilité financière.

L’église se présente donc comme une mosaïque plus ou moins ordonnée, quelque fois pourrait-on dire comme un empilage de modes elles aussi plus ou moins discernables quand on n’est pas spécialistes.

A gauche de l’entrée de l’église, donc au NO du cloître se trouve ce qui semble la partie la plus ancienne de tout l’ensemble : c’est une arcade bouchée de type wisigothique ou mozarabe. Cette portion est tout à fait séparée de l’église et se trouve sur le même plan que le vestibule et le baptistère.  Il s’agit là de l’alignement le plus ancien et qui a été respecté lors de la construction de l’église. Ceci a entrainé un désaxement vers le Nord de toute la nef. Ce décalage entre le chœur, ses absides et la nef est visible à l’œil nu. La nef forme, un vaste espace quadrangulaire, la voûte est en berceau aigu de quatre travées avec doubleaux sur pilastres. A noter que les absidioles (petite abside qui forme le fond d’une chapelle) ont conservé intactes leurs travées romanes.

L’alignement du mur Nord est rectiligne, celui du Sud avance de un mètre pour donner un nouvel alignement aux trois travées suivantes. Ce qui pourrait laisser penser qu’au départ, il s’agissait d’une sorte de transept à couvrement transversal qui aurait eu son pendant de l’autre côté. Sur ce côté Nord se succèdent trois autres chapelles aux entrées à arc aigu à mouluration de type XIVème siècle.

De part et d’autre, derrière chaque pilastre, de gros murs transversaux paraissent avoir été prévus dès l’origine pour contrebuter la voûte. Tout autour de la nef, à mi hauteur, apparaît une corniche ; on en retrouve dans de très nombreux édifices du XIIème siècle.

Sur le mur tympan, au dessus de l’arc triomphant (restauré voilà cinq ou six ans,  viennent se loger deux oculus en symétrie.

Le chevet (ensemble mur fenêtre toiture du chœur et de l’abside vu de l’extérieur) est la partie la plus ancienne. L’architecture de l’abside Nord se retrouve couramment dans la seconde moitié du XIème siècle. Celle du Sud comprend deux arcades identiques, vers le chœur et vers la nef. Le chœur a connu des restaurations successives en particulier au XVIIIème siècle. Les diverses sculptures visibles sur les chapiteaux laissent penser qu’on a plus affaire à un tailleur de pierre local qu’à un sculpteur de renon digne de l’école languedocienne. Dans l’abside Sud la clé de voûte montre les armes de Mgr Guillaume de Cardaillac, troisième évêque de St Papoul de 1328 à 1348, sur la droite un enfeu (tombe encastrée dans le mur) lui est dédié. Cependant que sa sépulture se trouverait devant cet enfeu et non dans le mur comme de coutume. Sur la gauche se trouve un grand tombeau et son orant c’est l’enfeu de Mgr François de Donadieu mort en 1626. A gauche du chœur cette fois-ci, se trouve l’enfeu de Mgr Bertrand de Saint Martial mort en 1361. D’autre sépultures d’évêques ou de nobles se trouvent par ailleurs ici ou là, sous nos pieds avec peu voire aucune marque extérieure.

Le décor du chœur ajouté aux alentours de 1700 est de style mi baroque mi rococo.

L’autel du chœur ainsi que celui de l’avant dernière chapelle côté Nord est en marbre rouge de Caunes Minervois. Le mur Ouest est garni par ce magnifique buffet d’orgue où l’on peut encore voir quelques statues d’angelots et celle du Saint Patron des Lieux. Il fût réalisé à partir de 1739 par Mr de Montbrun, modifié et complété dans sa structure technique par Monsieur Lépine en 1760. Il semble que l’orgue ait pu résonner jusqu’au milieu du XIXème siècle mais depuis, il va de mal en pis. Victime de la poussière, des rongeurs, des araignées et bien sur des hommes qui en ont quelque fois dilapidé certains éléments, sa restauration afin qu’il soit relevé, reste tout à fait aléatoire compte tenu de son niveau de délabrement. L’évaluation de son coût estimé exorbitant en freine d’autant plus la décision d’intervenir.

La piéta dans la chapelle Nord a, quand à elle, été restaurée voilà quelques années.

La porte basse du mur Ouest s’ouvre sur la tour porche appelée aussi narthex. Au-delà de cette porte se trouve l’entrée primitive de l’église depuis longtemps fermée. Sur son fronton se trouve un chrisme (monogramme du christ en grec) sculpté dans la pierre.

C’est dans cette tour que se trouve la soufflerie de l’orgue. Appuyée contre elle il existait une autre tour depuis fort longtemps démolie et qui avait pour nom la tour des joyaux supposée ayant abrité le trésor de l’église.

On ne peut terminer cette visite rapide sans évoquer le Maître de Cabestany qui nous a légué ses œuvres remarquables, en particulier à travers ses sculptures des gros chapiteaux des colonnes du chevet (donc à l’extérieur) représentant Daniel dans la fosse aux lions et le châtiment des Babyloniens ainsi que des modillons intermédiaires.

Pour conclure, je voudrais souligner l’initiative des responsables du FJEP et de la chorale des St Papoul dans la conception de cette journée et remercier Geneviève, Françoise et Marie et tous les autres pour leur dévouement à la cause du chant de la musique et du patrimoine.

Je vous donne rendez-vous ici même le dimanche 20 juillet à 17 h pour le concert de « fugue en Aude romane » que nous accueillons traditionnellement tous les ans à cette période et dont nous fêtons le 30ème anniversaire avec l’Ensemble « Architecture et Musique » avec violon, hautbois et violoncelle,  dans un panorama sur le XVIIIème siècle avec pour centre la famille Jean Sébastien Bach.

Je vous remercie  et place au chant.

 

 

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